Interview humoristique

Le premier épisode de Comique boulevard est arrivé, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ce ne fut pas une partie de plaisir (c'est une expression imagée. J'ai pris beaucoup de plaisir à monter).

Il s'agit d'un micro trottoir humoristique, autour de la question "Pourquoi les noirs aiment-ils autant le poulet?". Voici le film :



Comme c'est le premier épisode, il a fallu tout créer (générique, musique... ). C'est là aussi qu'on découvre le réalisateur, qu'on s’apprivoise l'un à l'autre, et qu'on apprend à travailler ensemble.

Pour le montage, j'ai retrouvé mes réflexes de monteur tv. Ça demande d'avoir un esprit critique et multi-taches, mais en gros je dérushe et je monte en même temps. Une partie de mon cerveau regarde, écoute et sélectionne. Une autre construit le sujet. Pour ça, je suis assez efficace. Il y a une heure et demi de rushes, je ne peux pas faire de sentiment. Je regarde, et si ça marche je garde. Ce qui ne marche pas va directement à la poubelle. Il n'y a pas de place pour les "peut être" et autres "et si".

L'erreur à ne pas faire avec ce type de film est de simplement juxtaposer les plans et les punchlines. Il faut absolument, et dans la mesure du possible, raconter une histoire (sur le même modèle que la fiction) pour intéresser les gens et les pousser à en voir plus.

Par exemple, à 4min48, il y a un homme qui dit "tout le monde n'aime pas le poulet!". Juste après, j'ai mis en réponse le plan d'un autre interviewé qui s'exclame "t'es obligé d'aimer le poulet!". Et en réponse, j'ai le plan de la jeune fille qui objecte "non, je connais un noir qui n'aime pas le poulet!". Ces trois plans n'ont rien à voir les uns avec les autres à l'origine. Les interviewés ne se connaissent pas. Mais montées à la suite, leurs réponses forment une sorte de dialogue à trois. Voilà le genre d'effets que j'ai tenté d'obtenir tout le long du film.

Le montage a été assez long. Le tournage principal a eu lieu fin mars 2016 et j'ai commencé le montage dans la foulée. J'ai reçu les rushes de la partie avec Noom Diawara un mois et demi environ après les rushes principaux. Pour le montage même c'est une petite jonglerie mentale, mais avec de l'expérience, on s'y retrouve.

Et puis, ce genre de film implique qu'il y ait plusieurs tentatives. Sur ce film, on est monté à 9 versions, à des longueurs différentes (la version la plus longue allait jusqu'à 9min01sec sans générique). C'est énorme, surtout comparé aux standards. Il y avait un équilibre à trouver entre ce qu'on veut montrer et la durée idéale; durée qui doit à la fois intéresser le public, ne pas le laisser sur sa faim, et lui donner aussi envie d'en voir d'autres.

Maintenant, le film est publié depuis plusieurs semaines. Le public l'a découvert et y a globalement bien réagit. A l'heure où j'écris ces lignes, il a totalisé 3 254 670 vues sur Facebook et Youtube. On peut modestement parler de succès.

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