Dans le cinéma américain, il est assez fréquent de représenter le président américain (réel ou fictif), voir de bâtir tout une intrigue autour de son personnage (film d'action, de guerre, romance, thriller...). De nombreux films, plus ou moins célèbres, existent (Air Force One, JFK, Le président et miss Wade, Nixon, 2012, Mars Attack, Independance day, Abraham Lincoln chasseur de vampires, Deep impact pour n'en citer que quelques uns).
En France, la représentation du chef de l'état est plus frileuse. Quelques longs métrages se sont essayés à filmer le président de la république, et parmi eux, seule une infime poignée s'est risquée à un personnage fictif. Cette timidité à l'égard du chef de l'état est assez étrange compte tenu que la France produit régulièrement des films politiques de qualité. Bien que l'age d'or du cinéma français engagé soit les décennies 60 et 70, il arrive encore que de temps à autres, un film pointe le bout de son nez.
Retour sur les présidents les plus marquants du cinéma français.
Jean Gabin - Le président (1961) |
Jean Gabin incarne le président (fictif) Emile Beaufort, fortement inspiré par Georges Clemenceau. Ce président doit faire face à une grave crise ministérielle, et voit un ancien rival revenir avec l'ambition de prendre sa place. Il tente alors de le faire chanter.
Jean Gabin, par sa stature et son aura, restera sans doute LE président français au cinéma par excellence. Avec beaucoup de minimalisme, il donne vie à un personnage ambiguë, aussi maître que esclave du pouvoir.
L'exercice du pouvoir
Sous la IIIe république, un ministre découvre que sa femme a une relation avec le premier ministre. Il va provoquer une crise ministérielle pour faire tomber son rival.
Sous la IIIe république, un ministre découvre que sa femme a une relation avec le premier ministre. Il va provoquer une crise ministérielle pour faire tomber son rival.
Avec Le président, il s'agit d'un des rares films à dépeindre des arcanes fictifs du pouvoir.
Voilà un film qui revient plus sur le pétainisme et le régime de Vichy plutôt que sur la vie du maréchal. Il couvre la première moitié des années 40, de la défaite de la France jusqu'au procès de Pétain. Globalement juste historiquement, malgré quelques oublis, il a le mérite de se replonger dans une époque trouble de l'Histoire, et de regarder en face des sujets alors encore tabous.
Le promeneur du Champs de Mars
Michel Bouquet - Le promeneur du champ de Mars (2005) |
Adaptation du livre Le dernier Mitterand de Georges-Mac Benamou, journaliste et un des derniers fidèles de Mitterand, quand celui-ci était diminué par la maladie, mais avait encore une intelligence redoutable. Jalil Lespert interprète ce journaliste qui a côtoyé l'ancien président quand il disposait d'un logement de fonction dans le 7eme arrondissement, et qu'il se promenait tout les jours aux Champs de Mars.
Pour son interprétation magistrale, le grand Michel Bouquet se verra remettre le César du meilleur acteur.
Raconté en flash-back, le film retrace la vie de Charles De Gaulle, de la Libération en 1945 à son arrivé à Alger le 4 juin 1958. Le film s'attache surtout à dépeindre un homme qui fuyait la vie politique dans ce qu'elle avait de peu glorieuse (les trahisons, calculs et revers de veste) et s'attarde à sa "traversée du désert", de sa démission en 1946 à son retour sur la scène politique à la fin de la IVe république.
Bernard Farcy campe un De Gaulle impérial mais fatigué et désabusé. Son interprétation, juste, sera récompensée par un FIPA d'or en 2006.
Le président n'a pas de nom. On ne sait pas s'il est de gauche ou de droite. En revanche, il est bien de la cinquième république, et est un condensé des présidents de la Ve jusqu'à Jacques Chirac (le film est sorti avant les années Sarkozy).
Ainsi, il a le lyrisme de De Gaulle, la modernité de Pompidou, le côté libéral de Giscard D’Estaing, le machiavélisme de Mitterrand et le côté "homme à femmes " de Chirac. Albert Dupontel campe un homme d'état des plus crédibles, son charisme et son humour pince-sans-rire faisant des merveilles.
Dans cette suite de Banlieue 13, le président de la république se retrouve au centre d'un complot visant à détruire les banlieue, complot dont il se révélera finalement une victime.
Philippe Torreton en président de la république : le résultat est bon, mais on reste un peu sur sa faim. Le personnage est secondaire, et on aimerait bien le voir d'avantage dans un rôle d'homme d'état.
Le film revient sur le parcours de Nicolas Sarkozy depuis son entrée en fonction comme ministre de l'intérieur sous la présidence de Jacques Chirac à sa candidature au poste de président de la république. Le film s'achève sur les résultats du second tour, qui le proclament vainqueur.
Pour sa prestation, Denis Podalydès a refusé le port d'un faux nez (sic), et s'est plus attaché à reprendre la gestuelle et les intonations de Nicolas Sarkozy. De son côté, Bernard Le Coq, s'attache à reproduire son modèle par mimétisme. C'est proche de l'original, mais on ne peut s'empêcher de penser à sa marionnette dans les Guignols de l'info.
Le ministre des transports est réveillé en pleine nuit : il y a eu un accident de car, il doit y aller. Parallèlement, il s'oppose à la privatisation des gares. Il se retrouve désavoué par le premier ministre.
Voici un impressionnant film politique, comme on n'en avait pas vu depuis un moment en France. Il dépeint sans concession la politique au quotidien, et les peurs des hommes et femmes engagés dedans. Onze nominations aux Césars viendront couronner ce chef d'oeuvre.
Les saveurs du palais
Hortense Laborie, cuisinière du Périgord, est choisie par le président de la république pour être la cuisinière de l'Elysée. C'est l'occasion de rentrer dans les secrets du Pouvoir, mais aussi de côtoyer l'intimité du chef de l'état.
Le film est "librement adapté" du parcours de Danièle Mazet-Delpeuch, chef cuisinière de François Mitterand de 1988 à 1990. Pour interprété le président, inspiré par François Mitterand, c'est Jean D'Ormesson qui est choisi. Pour la première comédien, il est auparavant écrivain, philosophe et membre de l'Académie Française. A noter qu'il est la dernière personnalité reçue par Mitterand à l'Elysée.
La dernière campagne
Durant la campagne présidentielle de 2012 qui vit s'affronter Nicolas Sarkozy et François Hollande, Jacques Chirac, très diminué par la maladie, rêve d'y participer et d'aider François Hollande, contre celui qui l'avait trahi en 1995. C'est par le biais des rêves de Chirac communique avec Hollande, et lui apporte son soutien.
Jean D'Ormesson - Les saveurs du palais (2012) |
Hortense Laborie, cuisinière du Périgord, est choisie par le président de la république pour être la cuisinière de l'Elysée. C'est l'occasion de rentrer dans les secrets du Pouvoir, mais aussi de côtoyer l'intimité du chef de l'état.
Le film est "librement adapté" du parcours de Danièle Mazet-Delpeuch, chef cuisinière de François Mitterand de 1988 à 1990. Pour interprété le président, inspiré par François Mitterand, c'est Jean D'Ormesson qui est choisi. Pour la première comédien, il est auparavant écrivain, philosophe et membre de l'Académie Française. A noter qu'il est la dernière personnalité reçue par Mitterand à l'Elysée.
Patrick Braoudé, Bernard Le Coq et Thierry Frémond La dernière campagne (2013) |
Durant la campagne présidentielle de 2012 qui vit s'affronter Nicolas Sarkozy et François Hollande, Jacques Chirac, très diminué par la maladie, rêve d'y participer et d'aider François Hollande, contre celui qui l'avait trahi en 1995. C'est par le biais des rêves de Chirac communique avec Hollande, et lui apporte son soutien.
Entre recherche du "vrai" et réinterprétation onirique, le film a parfois du mal à trouver son équilibre. Côté réel, on voit défiler les vrais Nicolas Sarkozy, François Hollande, Bernadette Chirac, François Baroin, Jean-Louis Borloo, Jean-François Copé, Rachida Dati, François Fillon, Xavier Bertrand, David Pujadas, Laurence Ferrari et Valérie Trierweiler, à l'aide d'images d'archive. Côté réinterprétation, Patrick Braoudé campe un François Hollande convainquant, tout comme Thiérry Frémond, à l'aise dans la peau de Sarkozy. Bernard Le Coq reprend le rôle de Chirac, qu'il tenait déjà dans La conquête.
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