Le western - Un autre regard



Cette semaine sort Django Unchained de Quentin Tarantino sur les écrans. Il s'agit pour son réalisateur d'offrir une version iconoclaste et fétichiste de l'ouest, et pour nous d'une occasion de se remémorer quelques westerns atypiques.

En 1992 sortait de les écrans Impitoyable, de et avec Clint Eastwood.

Impitoyable, le dernier western classique

Celui qui a côtoyé les plus grands cinéastes du genre, de Sergio Leone à Don Siegel en passant par Ted Post, signait un western crépusculaire en forme de lettre d'adieu, et donnait ses lettres de noblesse à un genre alors moribond.

Véritable chef d'oeuvre, Impitoyable s'imposa d’emblée comme une référence du genre, et décrocha quatre Oscars.

Depuis, quelques western moins classiques sont sortis.



Maverick, la comédie dans l'ouest

Avec Maverick, Richard Donner livre une version totalement décomplexée de l'Ouest, avec son lot de hors-la-loi, de prostituées, de tricheurs, d'indiens hauts-en-couleurs, de shérifs... 

Brett Maverick est en route pour un important tournoi de poker qui doit avoir lieu sur un bateau. Mais sa route est semée d'embuches.

Cette adaptation d'une série TV se moque pas mal d'une quelconque vérité historique (encore qu'elle n'est jamais trop éloignée du vrai) et ne pense qu'à une chose : divertir le spectateur. C'est drôle, plein de bonne humeur, et surtout, ça ne se prend pas au sérieux. On en redemande.

 
L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford,
le western psychanalytique

Le western parle aussi d'hommes au destin exceptionnel. Ou comment, dans un pays en formation, et ou les lois n’existaient pas encore, un homme comme les autres va sortir des rangs pour mener un combat. Il y a là un beau sujet, celui de regarder un héros droit dans les yeux, avec ses problèmes de conscience, et ce film va justement explorer une approche inédite au genre.

D'un côté, il y a Jesse James, un célèbre hors-la-loi. De l'autre, il y a Robert Ford, qui a grandi en idolâtrant son héros. Sentant la fin approcher, et voulant écrire sa légende jusqu'au bout, Jesse James va orchestrer lui-même sa mise à mort, préférant être trahi par un des siens plutôt que de finir sous les balles des hommes de loi lancés à sa poursuite. Il poussera donc Robert Ford à le trahir, asseyant ainsi son statut de héros même après sa mort.

Ici, point de fusillade ou de poursuite. Tout est dans la psychologie des protagonistes. Le film commence sur la rencontre entre James et Ford, et étudie patiemment la paranoïa de premier et le désir de célébrité du second. Il s'agit plus d'une étude psychanalytique d'un héros conscient de son aura.

Dead Man, un western méditatif

Par définition, le western se déroule en pleine nature, dans un monde encore sauvage et pas (peu) touché par l'homme. Le sujet se prête donc à la méditation, au rapport qu'entretien un homme avec son environnement, sa vie, et sa mort.

William Blake se rend dans la ville de Machine pour prendre un poste de comptable, mais sur place, il commet involontairement un meurtre, et s'enfuit, grièvement blessé. Durant sa fuite, il croise un indien rejeté par sa tribu, Personne. Mais en le soignant, Personne se rend compte qu'il ne pourra pas le sauver, et l'aide à préparer son voyage dans l'au-delà.

C'est sur une magnifique musique de Neil Young, et avec de sublimes images en noir et blanc que se déroule cette épopée mystique, voyage étrange et zen où un homme doit apprendre à accepter sa mort prochaine, et s'y confronte. Boudé lors de sa sortie en salle, ce film ne manque pourtant pas de qualités, et mérite d'être (re)découvert.

Blueberry, le western psychedélique

Certains ont criés au génie, d'autres à la trahison. Ce "trip" de Jan Kounen ne laisse évidemment personne indifférent. Et surtout, il propose un regard inédit et juste sur les indiens, leur culture, et la tradition du chamanisme.

Le jeune Mike Blueberry a grandi entre sa culture occidentale et sa famille d'adoption indienne. Le jour où son chemin recroise celui du criminel Blount, qui l'avait sérieusement blessé dans sa jeunesse, Blueberry devra s'initier au chamanisme et affronter son adversaire dans un autre monde, celui des esprits, où Blount semble totalement à l'aise.

Visuellement bluffant, voilà un film que ne renierait pas Alexandro Jodorowski, le réalisateur d'un autre western psyché, El Topo. Réalisateur, acteur et superviseur d'effets spéciaux ont été initié au chamanisme, par un authentique chamane d’Amérique du sud, pour pouvoir restituer au plus juste les visions d'une drogue psychotrope. Jamais fait avant, jamais revu depuis.

Brokeback Mountain, le western gay friendly

Voilà un film où (presque) tout a été dit.

Alors qu'ils gardent des moutons, deux cow-boys isolés dans la montagne tombent amoureux et vivent une passion intense. Entre séparations et retrouvailles, ils vivront une romance secrète, avant la disparition tragique de l'un d'entre eux.

Ici, c'est les grands espaces qui sont à l'honneur, avec la nature qui magnifie la passion des deux hommes. Jamais les grandes étendues de l'ouest (ici le Wyoming) n'avaient aussi bien mis en valeur l'exaltation et la douleur des hommes, condamnés au secret par une société trop bien pensante et violente envers ses réfractaires. Beau et tragique.

Appaloosa, le western "scène de ménage"

Bien qu'ayant l'apparence d'un western classique, avec ses duels, poursuites, chevauchées et autres figures imposées, ce magnifique film signé Ed Harris est en réalité centré sur les aventures amoureuses de son personnage et de la volage Renée Zellweger.

En arrivant dans la paisible ville d'Appaloosa, Virgil Cole et Everett Hitch doivent affronter le puissant fermier Randall Bragg. Mais Virgil Cole tombe sous le charme d'une charmante veuve, Allison French, et l'épouse. Sauf que sa femme, plus indépendante qu'elle ne parait, va entretenir des liaisons extraconjugales avec plusieurs hommes, dont Randall Bragg.

Porté par des acteurs au sommet, ce western s’intéresse plus à la vie sentimentale de ses héros qu'à une traditionnelle intrigue shérif vs fermier. Cette dernière occupe assez peu de place dans le film, et pour peu qu'on soit amateur de genre, on devine sans problème ce qui va se passer. Seule l'intrigue amoureuse se détache, et finit par surprendre par sa densité et sa conclusion assez inhabituelle.

Cowboys et envahisseurs, le western sci-fi

Adapté d'un roman graphique, ce film, par le réalisateur d'Iron Man, laisse présager un joyeux n'importe quoi. Au lieu de ça, on a surtout droit à un hommage très sincère au western classique hollywoodien, ainsi qu'à la SF des années 80.

Un homme se réveille en plein désert, amnésique et avec un curieux bracelet électronique au bras. En partant à la recherche de son passé, il découvre qu'il est Jake Lonergan, bandit recherché pour le meurtre d'une prostituée. En même temps, Woodrow Dolarhyde le recherche car, d'après lui, Jake a volé son or. C'est alors que des extra-terrestres arrivent et enlèvent la population de la ville.

Comment ne pas tomber dans le ridicule, alors que le titre lui même évoque un nanar? Jon Favreau traite son sujet avec une sincérité étonnante, sans jamais tomber dans l'ironie ou la parodie. Le film cite pêle-mêle John Ford et Anthony Man (pour le côté western) et le Steven Spielberg des années 70-80 (pour le côté SF). Le film est finalement plus réussi dans sa partie western que science fiction, mais le plaisir de voir se marier deux genres à priori opposés est bien là.

La classe américaine, le western cinéphile

Comment ne pas refermer cette rubrique sans évoquer ce "flim" (sic) de Michel Hazanavicius et Dominique Mézerette?

George Abitbol, surnommé "l'homme le plus classe du monde", meurt sur un bateau. Ses derniers mots sont "Monde de merde!". Trois journalistes bras-cassés et frustrés sexuellement tentent d'en savoir plus sur ces mots. Ils partent au travers de l'Amérique interviewer les différentes personnes qui l'ont côtoyé, et découvrent sa vie de cow-boys au Tegzas (sic)

Pour les 70 ans de la Warner, le studio donne carte blanche à canal plus pour célébrer l'anniversaire à leur façon, en montant un film promotionnel à partir du catalogue de la Warner (exception pour les films de Clint Eastwood et de Stanley Kubricck). Hazanavisius livre ce film, où s'entremêlent différents extraits des films du studio, faisant se côtoyer John Wayne, Dustin Hoffman, Robert Redfort, Paul Newman, James Stuart, Lara Turner, Charles Bronson, Henry Fonda, Orson Welles, Robert Mitchum, Clark Cable, Burt Lancaster, Ernest Borgine, et même Elvis Presley! Les doubleurs officiels de ces stars adoptent le concept, et viennent à nouveau prêter leur voix à ce joyeux délire. Diffusé un première fois le 31 décembre 1993, il circule à présent sur le web, et est devenu un véritable objet de culte.

________________________________________________________________


Django Unchained

Réalisé par Quentin Tarantino (Pulp fiction, Inglorious Basterds)

Avec
Jamie Foxx (Ray, Miami Vice, Jarhead, Collateral)
Christoph Waltz (Inglorious Basterds, Carnage)
Leonard Di Caprio (J. Edgar, Inception, Les infiltrés)
Kerry Washington (Ray, Le dernier roi d'Ecosse, Les 4 fantastiques)
Samuel L. Jackson (Avengers, Black snake moan, Jackie Brown)
Don Jonhson (Machete, C'était à Rome)
Tom Savini (Une nuit en enfer, Planete terreur, Machete)
Walton Goggins (Predators, Cowboys et envahisseurs)
Jonah Hill (21 jump street, Voisin du 3eme type)

Sortie en France le 16 janvier 2013

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire